Virginie et Bruno Tesson, fondateurs du campus des dirigeants, nous donnent les clés pour être un dirigeant plus affirmé dans l’exercice de son métier et avancer sur le chemin du leadership.
On ne naît pas bon dirigeant. C’est un métier qui s’apprend
Comme le souligne Clara Gaymard, co-fondatrice chez RAISE, on ne naît pas bon dirigeant. C’est un métier qui s’apprend. Retrouvez ci-dessous la préface qu’elle a rédigée pour l’ouvrage « Réussir comme dirigeant.e » et dans laquelle elle nous présente sa conception du métier de dirigeant.
« Je dois avoir cinq ou six ans, l’âge où l’on apprend à faire du vélo sans roues, comme les grands. Nous sommes en vacances sur la plage de Kerteminde, au Danemark, pays de ma mère. Mon père m’apprend à tenir le guidon droit sur la piste cyclable, jusqu’à ce qu’il me lâche et me dise : « tu sais faire du vélo, entraîne-toi ». À quelques centaines de mètres, il y a un haut lieu de convoitise pour les enfants de la plage : le marchand de glace et de bonbons. Afin de m’encourager, ma mère me donne cinquante centimes pour acheter une glace à la vanille. À proximité de la boutique se situe un champ d’orties qui me terrorise. Je perds l’équilibre et tombe dedans, mon corps se couvre de boutons. Je pleure, je ne dis rien à personne. J’ai honte de ne pas y être arrivée, mais je garde précieusement ma pièce. Le lendemain, je me lance à nouveau. Mais le champ d’orties m’obsède toujours et je tombe de nouveau dedans. Je tire mon vélo en pleurant. Mon père me voit. Hoquetante, je lui explique que je suis déjà tombée deux fois dans le champ d’orties. Je n’ai pas pu acheter ma glace, c’est trop loin, trop difficile. Je le supplie de m’accompagner. Alors il me dit : « Tu peux y aller toute seule, je reste là. Ne regarde pas le champ d’orties, fais comme s’il n’existait pas. Roule vers le magasin qui est ton but ». Je m’élance, ignorant bravement l’obstacle, et je le dépasse. Quelle fierté : c’est la première glace que j’achète seule.
Les obstacles deviennent infranchissables quand on les confond avec son but!
Mon père m’a appris bien des choses cette fois-là. Les obstacles deviennent infranchissables quand on les confond avec son but. Savoir avouer sa défaite et apprendre des autres.
Avoir foi en la confiance que les autres placent en vous lorsque vous doutez de vous-même. Et puis, surtout, chaque petite victoire sur la peur, la sienne ou celle des autres, est une grande victoire. Il m’a donné des ailes ce jour-là.
Oui, pour être un bon dirigeant, il faut d’abord apprendre à être soi. Pleinement. Ne pas se réfugier dans le regard de l’autre, prendre la critique avec distance et objectivité, se nourrir de ses erreurs comme des apprentissages et faire confiance, d’emblée, à ceux qui vous entourent. Il sera toujours temps de rectifier le tir, si c’est nécessaire.
Un dirigeant qui réussit, c’est un dirigeant qui sait donner
En tout dirigeant réside une âme de capitaine. Être un leader, c’est en effet naviguer chaque jour en entraînant des collaborateurs que l’on respecte. À mon sens, un dirigeant qui réussit, c’est un dirigeant qui sait donner : impulser, encourager, montrer la voie et maintenir le cap, déléguer aussi, et conseiller. C’est entretenir son esprit critique et son sens de l’organisation, et les vouer à la progression de son projet. Garder les pieds ancrés au pont du navire tout en permettant à l’esprit de scruter l’horizon.
Être un dirigeant, c’est apprendre, pour soi-même, de soi-même, afin de mettre son savoir au service des autres. Apprendre à ne pas se mettre au centre de l’équation. Apprendre à anticiper, et à faire face aux imprévus. Apprendre à se mettre à l’écoute, des mots et des maux de ses collaborateurs, à transcender la façon dont un malaise est rapporté pour chercher le cœur du problème.
On ne naît pas « bon » dirigeant, on le devient.
Il existe autant de dirigeants que d’expériences, car 90 % du travail de leader est humain. On ne naît pas « bon » dirigeant, comme le rappellent et l’expliquent Virginie et Bruno, les auteurs de ce livre. On le devient. C’est en effet, tout à la fois, un métier, une mission et un chemin. Et ce, au travers de ses expériences professionnelles tout comme de sa vie personnelle. Ça a été le cas pour moi, mère de neuf enfants et au cœur d’une vie professionnelle bien remplie.
J’ai appris à garder la curiosité et le questionnement au cœur de l’action, qui permet de s’enrichir de tous, et tout particulièrement de la jeune génération. J’ai appris à être une dirigeante sereine, sans anxiété ni colère, qui rassure ses collaborateurs lorsque l’entreprise subit une crise, comme un enfant malade a besoin d’un parent détendu pour le réconforter. Je me suis ouverte à la différence : tous ont des besoins spécifiques, et c’est précisément le rôle du et de la dirigeante que d’assurer un environnement bienveillant pour que chacun puisse s’épanouir. Être un dirigeant, c’est apprendre, perpétuellement.
Aux intrépides qui deviennent dirigeants : puisez dans votre expérience personnelle et professionnelle les éléments qui feront de vous un bon leader. Vous ferez face à des écueils, que vous surpasserez, comme vous l’avez toujours fait pour en arriver là où vous êtes. Chaque jour est une leçon. Vous évoluerez, en prenant exemple sur les autres, en parcourant d’excellents témoignages comme celui que vous vous apprêtez à lire, et en voulant toujours mieux faire. Et vous réussirez.Le leadership exercé en tant que dirigeant est un défi gratifiant à relever quotidiennement. Lorsqu’on est entrepreneur puis dirigeant, on ne réussit bien que lorsqu’on est généreux : généreux de son temps, de son énergie et de son enthousiasme, quand on veut partager la passion de ce que l’on fait. On réussit lorsque l’on puise dans son intériorité, avec enthousiasme et confiance, chemin qui nécessite un engagement de tout son être et exige de l’entraînement, comme l’explicitent les auteurs de ce livre. J’aime entendre, et ici lire, qu’être dirigeant est un chemin qui conduit à prendre soin de soi pour pouvoir à terme prendre soin des autres. Sans oublier de rejoindre le plus intime de nous-même, de suivre notre guide intérieur, rejoindre son âme, c’est à dire en tant que dirigeant « l’âme du leadership ». Osez être un bon leader. Ne pas oser, c’est déjà perdre. Osez faire les choses parce que vous y croyez. Osez recruter les collaborateurs qui vous apporteront ce que vous ne pouvez pas prodiguer à votre société. Osez vous faire confiance et faire confiance aux autres. Osez diriger.
Partez explorer, au fil de ces pages aussi, les manières d’être et d’agir en dirigeant. Pour se révéler à soi-même et servir le bien commun. »
Dans leur ouvrage Réussir comme dirigeant.e, les auteurs ont confronté à leur propre expérience les bonnes pratiques issues de celles de centaines de dirigeants. Ils proposent un éclairage original sur ce que signifie diriger une entreprise en conjuguant intelligence cognitive, intelligence émotionnelle et intelligence spirituelle.