Apprendre à apprendre est la compétence du XXie siècle pour s’adapter dans un monde en transition. Sous quelles conditions apprendre à plusieurs peut s’avérer bénéfique ?
Nous apprenons à tous les instants.
Aussi bien lorsque nous choisissons volontairement d’apprendre quelque chose (en lisant un livre ou un article sur le web ou encore en regardant un tutoriel), qu’à travers toute action, qu’elle soit réussie ou non.
Au travail, de nombreuses situations impliquent une interaction avec d’autres personnes : discuter d’un sujet ou d’un problème particulier avec un collègue, participer à une réunion brainstorming, faire une présentation ou même participer à un groupe de travail afin de résoudre un problème complexe qu’affronte notre entreprise.
Tous ces moments conduisent également à de l’apprentissage. Les chercheurs en psychologie cognitive ont ainsi cherché à savoir si (et dans quelles conditions) ces interactions s’avéraient bénéfiques.
Je découvre un extrait du livre
Interagir pour le meilleur…
Lors d’une discussion où chaque personne est engagée dans un mode constructif/génératif et qu’il y a de nombreux échanges dans le dialogue, alors surgissent de nouvelles idées qu’aucun des partenaires n’aurait pu avoir seul. Ce mode d’engagement est alors dit interactif (parfois appelé co-génératif ou délibératif). Dans ce cas, chacune des personnes engagées dans le dialogue repart en ayant plus compris et appris de choses qu’en travaillant seule.
Cet apprentissage supplémentaire est dû à la production de co-inférences : de nouvelles connaissances sont déduites à partir de nos propres connaissances, des connaissances des autres, mais aussi de la combinaison entre nos propres connaissances et celles des autres.
C’est actuellement le mode d’engagement reconnu comme le plus efficace pour apprendre en profondeur.
… ou pour le pire !
Pourtant, dans de nombreuses situations, une réflexion en groupe conduit à de moins bons résultats qu’une situation où chacun aurait d’abord réfléchi indépendamment avant de choisir la meilleure des idées personnelles. Le collectif n’est pas toujours meilleur que la somme des individus.
Un exemple typique est celui du traditionnel brainstorming.
L’objectif d’un brainstorming est de stimuler la créativité et d’accroître à la fois la quantité et la qualité d’idées produites par un groupe tout en s’amusant. D’après les règles d’usages, une session typique dure de dix minutes à une heure et réunit entre cinq et dix personnes. L’idée est de provoquer un bombardement d’idées afin de répondre à une question ou un problème. La critique des idées des autres n’est pas permise et toutes les idées sont autorisées, même les plus folles. La quantité et la variété des idées sont importantes et s’appuyer sur celles des autres est essentiel. L’évaluation des idées se fait dans un deuxième temps.
On imagine alors facilement qu’une session de brainstorming qui respecte ces principes devrait naturellement conduire à la génération de nombreuses idées de bonne qualité. Cependant, c’est tout le contraire qui se produit : les études ont montré de manière univoque que l’utilisation d’un brainstorming tel que décrit ci-avant conduit à produire moins d’idées et de moins bonne qualité que lorsqu’on fait la somme des idées produites par le même nombre d’individus travaillant seuls ! Ce phénomène étonnant s’explique notamment par trois facteurs :
- le sentiment d’être moins responsable de la réussite ou de l’échec de l’activité : si celle-ci rate, c’est aussi à cause des autres, alors que lorsque nous sommes seuls, la réussite dépend uniquement de notre propre performance ;
- la peur du jugement des autres : nous craignons d’avoir l’air bête en proposant une idée stupide ;
- le blocage de notre flux d’idées : nous sommes obligés d’attendre que d’autres terminent de présenter la leur, ce qui peut nous faire oublier la nôtre ou bien juger qu’elle ne vaut plus la peine d’être partagée.
Finalement, demander aux personnes de prendre le temps de noter leurs idées individuellement avant d’en discuter avec les autres est bien plus efficace qu’un brainstorming. Et ceci faisant, les participants en ressortiront en ayant appris bien plus de choses.
Cet exemple sur le brainstorming démontre que pour profiter pleinement des idées des autres, prendre de meilleures décisions, mieux résoudre des problèmes et au final apprendre des autres, il y a des conditions à respecter et que celles-ci ne sont pas forcément intuitives.
Apprendre à apprendre - Un peu de psychologie cognitive pour les pros qui veulent optimiser leur potentiel
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