Alex Edmans propose une approche alternative créatrice de profit pour les investisseurs et de valeur pour la société, c’est la Pieconomie
En mettant en place une approche radicalement différente du monde des affaires actuel, les entreprises peuvent créer à la fois du profit pour les investisseurs et de la valeur pour la société.
L’ouvrage Grow the pie d’Alex Edmans propose une approche résolument optimiste qui ne repose pas sur un espoir aveugle, mais sur des preuves empiriques rigoureuses que cette approche fonctionne, dans tous les secteurs d’activité et pour toutes les parties prenantes, ainsi que sur un cadre pratique permettant de la concrétiser.
Au cœur de cette nouvelle approche se trouve un changement de mentalité.
Les conflits naissent de ce que ce livre appelle la mentalité du « partage du gâteau » (pie-splitting en anglais). Selon cette mentalité, la valeur créée par l’entreprise est un gâteau fixe. Dès lors, la seule façon d’obtenir une plus grande part du gâteau pour « nous » est de réduire la part qui revient aux « autres » : les affaires sont un jeu à somme nulle. Pour maximiser les profits, le dirigeant réduit la part revenant à la société en augmentant les prix ou en réduisant les salaires. Inversement, pour faire en sorte que les entreprises travaillent pour le bien de la société, il faut réduire leurs profits.Je découvre un extrait
La réforme des entreprises ne peut se limiter à la redistribution du gâteau
S’il est vrai qu’une répartition équitable du gâteau est importante, la réforme des entreprises ne peut se limiter à la redistribution du gâteau, car cela réduirait les profits, entraînant deux problématiques.
La première stipule que si la réforme rend les entreprises moins rentables, de nombreux dirigeants ne la poursuivront pas volontairement : ils signeront peut-être des déclarations, mais ne l’appliqueront pas. Le partage du gâteau devra alors être imposé aux entreprises par des voies réglementaires qui conduiront à la conformité, mais non à l’engagement. Par exemple, l’entreprise peut se conformer aux lois sur le salaire minimum sans pour autant offrir un travail utile ou développer les compétences de ses employés.
Le second problème est que la réduction des profits serait néfaste pour les actionnaires. De nombreux critiques du marché s’en moquent, les investisseurs étant souvent dépeints comme des capitalistes sans nom et sans visage. Pourtant, les investisseurs ne sont pas « eux », ils sont « nous ». Cela comprend les parents qui épargnent pour l’éducation de leurs enfants, les régimes de retraite qui investissent pour le compte de leurs retraités et les compagnies d’assurance qui financent de futurs sinistres. De plus, les investisseurs sont nécessaires pour financer les entreprises, ce qu’ils font à la condition qu’il y ait une perspective de rendement. Toute réforme des entreprises doit donc être source de profits et de valeur pour la société.
Pie-Growing - La mentalité de la « croissance du gâteau »
C’est le sujet du livre Grow the pie. La mentalité de la « croissance du gâteau » (pie-growing en anglais) souligne que la taille du gâteau n’est pas figée. En investissant dans les parties prenantes, une entreprise ne réduit pas la part du gâteau revenant aux investisseurs, elle la fait croître, ce qui profite in fine aux investisseurs. Une entreprise peut améliorer les conditions de travail parce qu’elle se préoccupe de ses employés, qui deviennent alors davantage motivés et productifs. Une entreprise peut mettre au point un nouveau médicament pour lutter contre une pandémie, sans se demander si les personnes concernées sont en mesure de le payer et finir par le commercialiser avec succès. Une entreprise peut réduire ses émissions bien en deçà du niveau réglementaire en raison de son sens des responsabilités à l’égard de l’environnement, tout en bénéficiant du fait que les clients, les employés et les investisseurs sont attirés par une entreprise ayant de telles valeurs.
L’objectif premier d’une entreprise qui fait croître le gâteau est la création de valeur pour la société
Il est essentiel que la taille du gâteau représente la valeur pour la société, et non les profits : les profits ne sont qu’une partie du gâteau. L’objectif premier d’une entreprise qui fait croître le gâteau est la création de valeur pour la société : les profits n’en sont qu’une conséquence fortuite. Étonnamment, cette approche s’avère généralement plus rentable que si les profits en étaient l’objectif premier. En effet, elle permet de réaliser de nombreux investissements qui finissent par produire des profits substantiels à long terme. Cependant, comme ces profits n’auraient pas pu être prévus au départ, les projets n’auraient jamais été approuvés si les profits en avaient été le seul critère. La règle de la « maximisation de la valeur actionnariale » est séduisante en théorie, mais inapplicable en pratique, car il est très difficile de calculer (même approximativement) le nombre de décisions importantes qui affecteront les profits à long terme. Le pouvoir de la mentalité pie-growing réside dans le fait qu’elle remplace les calculs par des principes, fournissant des conseils pratiques pour prendre des décisions dans l’incertitude.
Se mettre au service de la société n’est pas un luxe ou une option, mais un élément fondamental de la réussite à long terme d’une entreprise.
Alex Edmans
En résumé, une entreprise responsable réalise des profits si et seulement si elle crée de la valeur pour la société.
Cet effet positif sur les profits résout les deux problèmes mentionnés ci-dessus. Cela signifie que les investisseurs en bénéficient autant que les parties prenantes. Cela signifie aussi qu’il est dans l’intérêt même de l’entreprise de transformer sa façon de travailler et de prendre très au sérieux son impact sur la société. Il est même urgent qu’elles le fasse : se mettre au service de la société n’est pas un luxe ou une option, mais un élément fondamental de la réussite à long terme d’une entreprise.
Le fait que la taille du gâteau puisse croître signifie non seulement que se doter d’une raison d’être non financière ne se fait pas au détriment du profit comme le croient certains dirigeants et investisseurs, mais aussi que le profit ne doit pas nécessairement se faire au détriment de la raison d’être, comme l’affirment certains critiques des entreprises. Les implications sont profondes.
Des profits élevés, et même des rémunérations élevées pour les dirigeants, ne justifient pas automatiquement la « dénonciation » de l’entreprise en question, s’ils sont obtenus de la bonne manière. Les profits proviennent souvent de la capacité des entreprises à innover, concept à l’origine du progrès humain à travers l’Histoire. Les investisseurs ne doivent pas forcément être mis de côté, ils sont plutôt des alliés dans la réforme du capitalisme vers une forme plus utile et plus durable. Les entreprises et la société ne sont pas des adversaires, mais jouent dans la même équipe. Lorsque tous les membres d’une organisation travaillent ensemble, qu’ils sont liés par un objectif commun et se concentrent sur le long terme, ils créent de la valeur partagée de manière à élargir les tranches de revenus de chacun : actionnaires, travailleurs, clients, fournisseurs, environnement, communautés et contribuables. Entre les investisseurs et les parties prenantes, le choix ne s’impose pas : les intérêts des deux peuvent être servis simultanément.
Grow The Pie - Comment les entreprises peuvent faire des bénéfices et servir le bien commun
Ce raisonnement « gagnant-gagnant » est au coeur de ce livre : travailler ensemble pour accroître la taille du gâteau plutôt que de se disputer son partage. Alex Edmans nous explique comment mettre en pratique cette approche pour sortir de la théorie et comment la collaboration entre tous les acteurs peut devenir la meilleure arme des entreprises florissantes.