Philippe Rodriguez vous embarque dans l’aventure du métavers, univers à la fois virtuel et immersif, dans lequel chacun peut se plonger et mener une existence parallèle.
Le métavers, un monde aux frontières du réel
Au fond, qu’est-ce que le « métavers » ? Il s’agit de la contraction des mots « méta » (comme dans métaphysique) et « univers », soit un univers « au-delà du nôtre » et de notre appréhension du réel. En résumé, ce qu’est la métaphysique à la physique, le métavers l’est à notre réalité. Plus précisément, le métavers est un univers virtuel, à la fois immersif et persistant, qu’on accepte comme un espace de discussion, de travail et même de vie, dans lequel n’importe quel internaute peut se plonger dans la durée et mener une existence parallèle à celle qu’il a dans le monde réel.
Ce n’est donc pas un jeu vidéo, tout addictif soit-il, que l’on quitte en éteignant la console ou l’ordinateur au bout de quelques heures pour revenir à notre réalité. Au contraire, c’est bien un « monde » durable avec ses structures organisationnelles, son économie, ses codes sociétaux, un espace dans lequel on peut créer des objets, gagner de l’argent, acheter, s’habiller, se divertir et vivre parallèlement.
C’est aussi un univers qui continue d’évoluer et de se développer même lorsqu’on s’en déconnecte. Il a donc une continuité en soi et en dehors de notre seule présence, tant et si bien que les choses ont parfois, voire souvent, changé lorsqu’on s’y reconnecte. Bref, c’est un monde qui peut exister sans nous.
Les sept caractéristiques du métavers
Le venture capitaliste Matthew Ball, créateur du Ball Metaverse Index et conseil de nombreux fonds d’investissement sur ce sujet, propose de retenir sept caractéristiques pour définir le métavers, quatre fondamentales et trois optionnelles : la persistance, le temps réel, la présence, la communauté, la pervasivité, l’économique, l’interopérabilité.
1) La persistance
La persistance est la capacité d’un monde virtuel à faire en sorte que le temps s’écoule quand vous êtes déconnecté du métavers contrairement à un jeu traditionnel où le temps s’arrête au moment de votre déconnexion. Le monde virtuel continue « d’avancer » et de « fonctionner » pendant que vous êtes hors-ligne […]
2) Le temps réel
La caractéristique du temps réel est ce qui donne la possibilité de vivre une expérience dans la même unité de temps pour tous les utilisateurs du même métavers, alors même qu’ils sont physiquement dans des lieux différents. C’est, en d’autres termes, la possibilité de vivre de façon synchrone. Certains utilisateurs pourront être remplacés par des intelligences artificielles (IA) qui pourront dialoguer avec vous de façon à assurer une permanence constante des interactions dans le métavers […]
3) La présence
La présence est une caractéristique principale pour tout métavers qui veut produire de la fluidité dans les relations sociales. Il s’agit de recréer ce sentiment d’empathie que tout un chacun peut avoir dans une réunion physique quand il regarde ou échange avec son voisin […] Le dessin d’un avatar prend en conséquence une place importante dans les codes d’un métavers, celui-ci étant l’un des moyens de créer ce sentiment de présence […] Mais c’est aussi au métavers de donner ce sentiment de présence par tout un tas d’artifices comme le langage du corps, les expressions faciales, les mouvements des bras et des doigts.
4) La communauté
La quatrième et plus marquante caractéristique dans la définition d’un métavers est celle de l’évolution du métavers par l’utilisateur ou la communauté. Cette évolution du métavers par ses communautés peut prendre des formes diverses comme la construction
physique, la construction d’expérience, mais aussi la participation à sa gouvernance.
C’est la communauté qui devient le concepteur du contenu du métavers selon une logique de bas en haut (bottom-up en anglais). Autrement dit, le métavers n’est pas un jeu vidéo scénarisé dans lequel on va d’un point A à un point B de manière linéaire. C’est un monde ouvert, dans lequel les utilisateurs définissent eux-mêmes leurs buts, la finalité de leurs actions et la course de leur univers.
5) La pervasivité
La pervasivité est la porosité qui peut exister entre le monde physique et le monde virtuel. En effet, certaines plateformes du métavers vont pouvoir utiliser des éléments de la réalité physique pour les mélanger avec des éléments de réalité virtuelle. À l’inverse, dans certains cas, on pourra retrouver dans le monde physique des éléments qui ont été conçus puis achetés dans le monde virtuel, grâce aux imprimantes 3D par exemple.
6) L’économique
Par définition, la pervasivité se mélange avec la caractéristique économique du métavers. Ce n’est plus simplement un espace de jeu, de détente ou de dialogue, c’est un univers d’achats, de ventes, de marchandages, avec une dimension économique. Cela décuple donc l’attention et l’intérêt de l’utilisateur puisqu’il y investit ses économies (numériques ou réelles). Il est alors doublement sensible à leur devenir et n’abandonnera pas le métavers comme on se lasse d’un jeu vidéo qu’on peut ranger dans un tiroir après y avoir trop joué. Il y a un intérêt financier à s’y inscrire dans la durée.
7) L’interopérabilité
Dernière caractéristique du métavers, l’interopérabilité des actifs numériques, achetés, construits, utilisés d’une plateforme à une autre. Les articles achetés pour une plateforme doivent en effet être portables dans d’autres. Cette interopérabilité peut aussi être appliquée à d’autres fonctions comme l’identification des utilisateurs. Aujourd’hui, il existe peu d’actifs ou de fonctions qui soient communs à plusieurs plateformes du métavers, ce qui explique que cet élément de la définition soit optionnel.
La révolution métavers - Le défi de la nouvelle frontière d'Internet
À travers son ouvrage La révolution métavers, Philippe Rodriguez nous invite à découvrir ce métavers aussi fascinant que méconnu du grand public. Il retrace ainsi son histoire pour en comprendre ses origines culturelles, intellectuelles et philosophiques, mais aussi ses évolutions et sa relation avec les dernières technologies (blockchain, cryptomonnaies, NFT ou encore finance décentralisée). Il s’appuie sur des exemples concrets et les témoignages de sept acteurs incontournables du métavers.
De révolutions en révolutions technologiques, le métavers nous mènera-t-il vers un monde meilleur ?