Depuis 2015, les animaux ne sont plus considérés par la loi française comme des « biens meubles », mais comme des « êtres vivants doués de sensibilité ». Peut-on aller plus loin, et quel serait un droit des animaux ? Entre passion et réalisme, Louis Schweitzer et Aurélien Barrau tentent de répondre à cette question qui remet profondément en cause nos choix de société.
Le sort fait par l’homme aux animaux est longtemps resté une question marginale, dénigrée, moquée, en tout cas tenue pour tout à fait secondaire. Aujourd’hui, les choses changent, et à grande vitesse. Une série d’évènements, impensables il y a encore une dizaine d’années, le montrent.
Durant la seule année 2017, on a ainsi pu assister à la condamnation à une peine de prison avec sursis d’un ancien salarié d’abattoir, accusé, suite à la publication sur internet de vidéos diffusées par l’association L214, de cruauté et de mauvais traitements dans l’exercice de son métier ; à l’annonce de l’interdiction à terme des delphinariums, ces sortes de zoo aquatiques où orques et dauphins vivent dans des conditions aux antipodes de celles de leur milieu naturel…
Tous ces petits événements, aussi dissemblables qu’ils paraissent, témoignent d’un intérêt renouvelé pour la question du sort fait aux animaux par l’homme.
« Maintenant que l’on sait que beaucoup d’animaux ressentent la douleur physique et psychique, les hommes doivent se demander s’ils souhaitent continuer à leur infliger des tourments infinis. C’est une décision à prendre. Ce n’est pas un problème primitivement scientifique. La science nous dit ce que les animaux ressentent, mais elle ne nous dit pas ce qu’il faut faire avec ce savoir. C’est une question politique, éthique, et éventuellement légale. J’insiste sur ce point : il n’y a aucune obligation à agir. On peut ne rien faire, et continuer à exploiter le monde animal. L’unique question est : sachant ce que nous savons, le souhaite-t‑on ? »
Aurélien Barrau