Violette Bouveret et Jérémy Lamri plaident pour la réhabilitation du courage qui est non seulement une vertu morale mais également un levier de transformation et de progrès pour les organisations.
La multiplicité des crises que nous traversons témoigne du fait que nous sommes à l’aube d’un changement de paradigme. Pour défendre leur place dans la société, les organisations doivent être doublement courageuses : d’une part, en réorientant leur finalité au service du bien-être collectif, sans céder aux sirènes de la cupidité ; d’autre part, en se libérant de modèles organisationnels périmés et sclérosants dans un monde où le temps est compté.
La nécessité de devenir une organisation souhaitable
Dans sa théorie de l’effondrement, l’anthropologue Jared Diamond explique que les sociétés sont susceptibles de s’effondrer si elles n’adaptent pas leurs pratiques aux pressions environnementales, économiques, politiques et sociales qu’elles subissent (Effondrement : comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, Gallimard, 2006).
Il en va de même pour les organisations qui vivent dans l’illusion du « too big to fail », démenti par les faillites d’acteurs comme BlackBerry, Lehman Brothers ou Thomas Cook. Or, notre société n’a aucun intérêt à voir les organisations s’effondrer, car leur pouvoir d’action colossal, s’il est mis au profit d’un paradigme souhaitable, pourrait permettre de surmonter les cinq chocs précités. Cela exige des organisations qu’elles aient le courage de repenser leur finalité afin de devenir des organisations souhaitables pour notre société sans céder aux sirènes de la cupidité.
Le pouvoir d’action des organisations
Penser le monde de demain sans y intégrer les organisations, c’est comme aller sur un champ de bataille sans armement. Le pouvoir d’action des organisations doit être mobilisé, que ce soit au travers de leurs moyens financiers, de leur savoir-faire ou de leur capacité d’exécution.
Si les organisations ont le pouvoir d’agir, c’est en partie grâce aux moyens financiers dont elles disposent. Rappelons que la capitalisation boursière des Gafam dépasse le PNB de nombreux pays et que les fonds sous gestion d’acteurs comme BlackRock dépassent les dix mille milliards de dollars. Les États, dont les ressources s’amenuisent d’année en année, ont tout intérêt à collaborer avec ces acteurs pour financer des stratégies au service d’un futur souhaitable, que cela passe par le financement de la recherche et des infrastructures, le soutien à des initiatives environnementales ou le développement de programmes stratégiques conjoints.
Ce pouvoir d’action repose également sur des savoir-faire qui, combinés, permettent de surmonter bien des défis. Par exemple, AWS, grâce à son expertise cloud, a su protéger l’Ukraine contre la destruction de ses data centers. Cet impact est démultiplié quand les savoir-faire sont combinés au moyen de fusions-acquisitions, de partenariats stratégiques ou de joint-ventures. La collaboration entre Spotify et Uber illustre parfaitement cette capacité d’interopérabilité. Ces savoir-faire peuvent également être fédérés au sein d’écosystèmes qui permettent des passages à l’échelle extrêmement rapides. C’est le cas dans le paiement, où les réseaux Mastercard et Visa sécurisent des transactions entre clients, marchands et banques en quasi-temps réel à une échelle mondiale.
Enfin, le pouvoir d’action des organisations s’illustre par la capacité d’exécution des projets à court, moyen et long terme. Si les organisations perdent en agilité du fait de leur taille, elles s’appuient sur l’écosystème de start-up et de petites et moyennes entreprises pour accélérer. Cette capacité d’exécution peut être mise au service de l’intérêt général. Par exemple, la start-up sociale Bayes Impact a monté LaReserve.tech, un incubateur à projets citoyens d’intérêt général, pour aider le gouvernement français à faire face aux crises en lançant des solutions développées en quelques semaines, et ceci de manière à renforcer l’action publique, que ce soit sur la crise énergétique, la sécheresse ou les feux de forêts.
Oser le courage - Une valeur nécessaire à la survie des organisations
Les organisations se retrouvent face à un dilemme : céder aux sirènes de la cupidité ou devenir des organisations souhaitables qui favorisent l’éthique, la solidarité et la prise en compte des enjeux de long terme. Seules les organisations courageuses arbitreront en faveur de l’intérêt collectif.
À travers des stratégies et des exemples concrets, les auteurs portent un regard démystifié et lucide sur la paralysie des organisations, et plaident pour la réhabilitation du courage. Ce livre est destiné à celles et ceux qui aspirent à faire une différence positive, tant au niveau individuel qu’organisationnel.