Les chiffres en France concernant le burn-out explosent : 2,55 millions de salariés sont en burn-out sévère. Aude Selly nous rappelle ce qui incombe à l’employeur et ce qui incombe à l’employé.
La santé physique et mentale dans son milieu de travail en danger
Avant de s’effondrer dans le cadre de son activité professionnelle, avant que le corps, le cerveau ne répondent plus, on reçoit des signaux annonciateurs, on développe des maux dont on n’avait encore jamais souffert auparavant, on agit de plus en plus différemment de la personne que l’on était avant d’entrer dans le processus de l’épuisement.
Le but ne doit plus être d’attendre des absences fréquentes, une absence de longue durée, une grève, un accident vasculaire cérébral, un accident, un mort… C’est le temps de l’action pour prévenir toute situation de danger quant à la santé physique et mentale dans son milieu de travail.
Alors oui, je constate des mesures positives : la création de salles de bien-être ou de sport internes, des crèches d’entreprises, des cellules téléphoniques ou des services pour prévenir le stress chronique et des formations de « gestion des priorités ». Mais ces stratégies sont destinées à faire disparaître ou à réduire certains symptômes, et là où je suis en désaccord, c’est qu’elles visent uniquement le salarié. Or, il faut traiter la problématique de l’épuisement professionnel en profondeur, en s’attaquant à ses causes.
Que faut-il faire pour que les salariés se sentent bien dans l’entreprise ?
Les vraies questions que doivent se poser un DRH, un RRH, un dirigeant, un manager sont : « que faut-il faire pour que les salariés se sentent bien dans l’entreprise ? Comment instaurer ou restaurer la notion de plaisir à travailler ? »
Les directions d’entreprises ont l’obligation législative, certes, mais surtout morale :
- De développer une stratégie de gestion des risques.
- D’élaborer une politique de prévention.
- De déployer des méthodes pour identifier les risques, pour les évaluer et les hiérarchiser.
- De déterminer des moyens de maîtrise et de contrôle.
- D’allouer les ressources budgétaires et humaines nécessaires aux plans d’action à mettre en œuvre, aux actions de formation, d’information et de sensibilisation aux risques de la non-gestion de la santé au travail.
Les directives à respecter pour l'entreprise
Vous, managers, DRH, dirigeants, devez appliquer et faire respecter ces directives. À partir du moment où le salarié sera capable de démontrer la négligence, l’inertie de l’employeur, l’absence d’information sur les règles de sécurité, peu importe que l’employeur soit de bonne foi ou qu’il n’ait commis aucune faute, sa responsabilité sera automatiquement engagée. La sécurité et la santé au travail ne sont plus simplement des principes mais font l’objet de démarches, demandées par les différentes sources internationales du droit.
L’Article L. 4121‑2 du code du travail détaille ce qu’il est attendu de l’employeur
« L’employeur met en œuvre les mesures prévues à l’article L. 4121‑1 sur le fondement des principes généraux de prévention suivants :
- Éviter les risques.
- Évaluer les risques qui ne peuvent pas être évités.
- Combattre les risques à la source.
- Adapter le travail à l’homme, en particulier en ce qui concerne la conception des postes de travail ainsi que le choix des équipements de travail et des méthodes de travail et de production, en vue notamment de limiter le travail monotone et le travail cadencé et de réduire les effets de ceux-ci sur la santé.
- Tenir compte de l’état d’évolution de la technique.
- Remplacer ce qui est dangereux par ce qui n’est pas dangereux ou par ce qui est moins dangereux.
- Planifier la prévention en y intégrant, dans un ensemble cohérent, la technique, l’organisation du travail, les conditions de travail, les relations sociales et l’influence des facteurs ambiants, notamment les risques liés au harcèlement moral, tel qu’il est défini à l’article L. 1152‑1.
- Prendre des mesures de protection collective en leur donnant la priorité sur les mesures de protection individuelle.
- Donner les instructions appropriées aux travailleurs. »
L’obligation de sécurité incombe à l’employeur mais pèse aussi sur le salarié
Sachez que chacun d’entre nous a aussi un devoir « citoyen ».
L’obligation de sécurité incombe à l’employeur mais pèse aussi sur le salarié. L’article L. 4122‑1 du code du travail énonce : « Il incombe à chaque travailleur de prendre soin, en fonction de sa formation et selon ses possibilités, de sa santé et de sa sécurité ainsi que de celles des autres personnes concernées par ses actes ou ses omissions au travail. »
Autopsie d'un burn-out - Se reconstruire et se réinventer
Passer de victime à experte, c’est l'histoire d'Aude Selly. Elle a 33 ans lorsqu’elle se retrouve brisée par un burn-out qui la poussera au geste ultime. C’était il y a 10 ans et depuis Aude Selly raconte son vécu.
A partir de son récit, l’autrice devenue depuis spécialiste et formatrice sur le sujet, répond aux questions fondamentales pour mieux comprendre l’apparition d’un burn-out et réussir sa guérison.