L’entrepreneuriat au féminin, une source d’inspiration et d’optimisme : rencontre avec Martine Esquirou et Guillaume du Poy.
Martine Esquirou, Guillaume du Poy, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Martine est une ancienne journaliste économique, longtemps directrice de communication de groupes de l’audiovisuel, de la Tech et de la Santé, aujourd’hui conseil en communication et coach. Guillaume a été longtemps directeur marketing et/ou commercial pour des grands groupes français, anglais et américains. Il accompagne des start-up, des scale-up, des incubateurs et des accélérateurs dans leur développement depuis plus de 10 ans. Tous les deux, nous sommes fascinés par l’incroyable aventure de ces start-uppeuses, par leur énergie et leur optimisme.
Nous avons travaillé ensemble pour créer en 2019 les Assises de la Parité pour le réseau de dirigeantes IWF et avec l’agence Epoka : un événement annuel inédit, pour promouvoir l’égalité des chances entre les femmes et les hommes au sein de toutes les organisations. Il réunit de 4000 à 5000 participants sur place et en digital, et il a fêté en juin 2023 sa 4e édition à Bercy. Puis en 2021, pour accompagner et promouvoir les start-up créées par des femmes, nous avons imaginé un Tremplin Startups à l’occasion des Assises, avec la filiale Epoka Up que dirigeait à l’époque Guillaume, puis avec KPMG. Chaque année, le Tremplin reçoit plus de 150 candidatures pour 4 prix par catégorie et un prix coup de cœur du public.
Je découvre un extrait du livre
Nous avons voulu prolonger cette expérience en écrivant un livre à 4 mains. Le choix de ces jeunes femmes qui se lancent, nous semble vraiment l’aventure du futur. Elles sont audacieuses, courageuses, tenaces, créatives, et nous avons voulu non seulement leur rendre hommage, mais aussi donner envie à d’autres d’oser l’entrepreneuriat à leur tour.
Le livre Femmes et start-up est donc construit autour de témoignages inspirants, et offre un guide de conseils tirés de leurs parcours et de notre expérience d’accompagnement.
Depuis les années 2000 et la floraison de la « French Tech », même si de plus en plus de femmes se lancent dans l’aventure de l’entrepreneuriat, elles ne sont que 21% à créer une start-up.
Les chiffres sont difficiles à manier car selon les sources, ils ne sont pas congruents d’une année sur l’autre. Et il y a peu d’études de référence, en dehors de celle de SISTA avec le BCG. Mais en réalité les femmes sont de plus en plus nombreuses à se lancer dans l’entrepreneuriat : elle sont 31,2% par an à se lancer dans l’aventure, en comptant les micro-entreprises.
Un chiffre colossal puisqu’on compte un million de créations par an en France. En revanche, pour les start-up, qui visent une forte croissance, à partir d’une innovation véritable et qui veulent lever de fonds, les femmes ne sont plus que 21% en 2022 (et seulement 8% en solo) parmi les créateurs d’entreprises. Mais en réalité, elles sont près de trois fois plus nombreuses qu’il y a 4 ans, (9 % en 2018) (selon le baromètre IEF de BpiFrance). Donc leur présence est vraiment en expansion, et maintenant qu’elles ont investi un terrain longtemps réservé aux hommes, le phénomène ne va plus s’arrêter.
Quels sont les facteurs qui expliquent ce faible pourcentage ?
L’entrepreneuriat est un peu « la dernière frontière » à conquérir pour les femmes dans le monde économique. De même que l’on compte encore peu de dirigeantes de groupes, lancer sa propre entreprise est un vrai parcours du combattant, particulièrement pour les femmes.
Elles ont moins de chance que les hommes de trouver des financements : elles captent seulement 2% des levées de fonds, partout en Europe, dans un monde de la finance très masculin et conservateur jusqu’alors.
Elles s’attaquent aussi à des secteurs qui leur sont plus familiers (services, mode, éducation ou ressources humaines…), peu consommateurs en capital. Enfin, il y a des vieux réflexes culturels à combattre de leur part : manque d’assurance, manque d’ambition parfois, manque de connaissances économiques.
Elles viennent elles-mêmes d’entreprises où elle exercent dans des fonctions- support plutôt qu’à des postes opérationnels, en décalage par rapport au rôle de dirigeant.
L’égalité homme-femme est bien entendu un enjeu de notre société mais vous insistez également sur l’importance de la sororité. Sommes-nous sur la bonne voie ?
La société évolue dans le bon sens. La mise en place de quotas dans les boards, et désormais dans les comités exécutifs, a permis de faire tomber les barrières, et de voir plus vite des femmes accéder aux postes de pouvoir.
Cela influe sur le regard porté sur les femmes dirigeantes ou entrepreneuses : elles sont plus nombreuses, les rôles modèles inspirent d’autres types de parcours à de plus en plus de femmes.
Enfin, avec une volonté politique marquée en France de créer une « start-up nation », s’est constitué depuis 10 ans un écosystème plus favorable aux entrepreneuses. Et dans la foulée, s’exprime en effet une vraie sororité. Il y a désormais plus de réseaux féminins, plus de femmes investisseuses, plus de fonds spécifiques destinés aux jeunes pousses créés par des femmes.
Dans votre ouvrage, vous présentez 16 portraits de start-uppeuses. Qu’ont-elles en commun ?
Elles viennent d’origines sociales, de cultures, de formations très différentes. Nous avons voulu varier les profils, les parcours, les secteurs aussi qu’elles ont choisis. Mais elles ont toutes beaucoup en en commun : elles ont un objectif ferme, un cap.
Ce qui les anime ? Elles sont dotées d’une vraie détermination à surmonter les obstacles, une passion incontestable dans ce qu’elles entreprennent, une volonté aussi de « trouver du sens » dans la création de leur startup, et dans leurs choix de vie. Elles affichent un goût de la liberté, une confiance réelle dans leur capacité à trouver des solutions.
Elles sont créatives, pragmatiques, attentives aux réactions du marché… Elles peuvent anticiper, voir loin, recommencer après un échec, s’adapter vite, changer de pied s’il le faut. Ce sont des « guerrières » mais presque toujours bienveillantes, attentives à leurs équipes : elles veulent changer le monde.
Suite à vos rencontres avec ces femmes inspirantes, vous proposez des bonnes pratiques réparties en 3 savoir-faire essentiels. Pouvez-vous nous en dire davantage ?
Les portraits sont rythmés par des conseils égrenés par les start-uppeuses elles-mêmes. Et la fin du livre est un véritable guide de bonnes pratiques, mais aussi, d’adresses d’incubateurs, de réseaux, de fonds spécialisés, issus de notre enquête et de leur expérience.
Ce guide n’a pas la prétention de trouver la bonne idée, l’innovation qui va servir de starter pour créer son entreprise. Mais en revanche, il peut accompagner tout du long son parcours à venir : il s’articule en effet autour des trois étapes principales du développement d’une startup.
La première, la plus importante, s’attache aux conseils pour s’associer, s’entourer et recruter les meilleurs collaborateurs et éviter quelques erreurs majeures : où et avec qui faire équipe ? Comment choisir ?
La seconde décline tous les moyens de promotion de son idée : comment travailler son « personal branding », sa visibilité, et clé de voute du succès, trouver des clients.
Enfin, troisième volet, le nerf de la guerre : comment lever des fonds, organiser un « business plan », attirer des investisseurs… C’est un guide très complet, nourri des expériences, des pistes de travail, et des adresses testées dans le réel des vécus.
Enfin, une dernière question : à qui conseilleriez-vous votre livre ?
Toutes les futures start-uppeuses devraient y trouver des éléments d’inspiration, mais bien sûr tous les dirigeants et dirigeantes qui cherchent à innover en s’attachant aux start-up, peuvent être intéressés par le phénomène, tel que nous avons voulu le présenter à travers des témoignages vibrants et des conseils concrets de la part de jeunes créatrices.
Au-delà, le grand public peut y trouver le récit d’une aventure moderne à travers ses différentes facettes, qui se lirait comme une odyssée des nouveaux temps économiques : on y parle de réindustrialisation, de nouveaux services, d’impact social et sociétal, de renouvellement en profondeur des modes d’action, impulsés par des femmes audacieuses, pour ouvrir nos horizons.
Femmes et start-up, les clés du succès
À travers une enquête originale, étudiant le marché et interviewant 16 start-uppeuses stars ou étoiles montantes, Martine Esquirou et Guillaume du Poy dressent un panorama complet de l’entrepreneuriat au féminin. Proposant méthodes et outils, leur ouvrage se veut être un guide complet pour encourager toutes celles qui, à leur tour, souhaitent se lancer dans l’aventure.