Des toits sur la grève - Nouveauté
Existe au format livre et ebook
Présentation du livre
Bombay, capitale indienne de l’économie et des services, forte de 20 millions d’habitants, s’est hissée au rang de cinquième métropole mondiale. Pôle d’attraction des migrations, sa croissance s’est faite au prix de fortes inégalités, si bien qu’aujourd’hui plus de la moitié de la population de la ville vit dans des bidonvilles, sur 6 % de la superficie urbaine.
Ce problème crucial n’est pas récent. La question du logement des plus pauvres a en effet émergé, dès le tournant du XXe siècle, comme une question politique majeure. Les autorités coloniales, puis le Parti du Congrès à partir des années 1930, ont choisi d’en faire l’un des principaux terrains du traitement politique de la question sociale.
Réfutant une approche longtemps prédominante dans le domaine de l’histoire urbaine des mondes coloniaux, selon laquelle l’urbanisme colonial est un processus imposé par le haut, cet ouvrage démontre combien le gouvernement colonial a été perméable à l’agitation sociale, qu’il a tenté de juguler en construisant des immeubles pour loger la main-d’œuvre industrielle, jetant littéralement des toits sur la grève. L’intérêt manifesté par les autorités pour ce problème et leur intervention précoce dans cette sphère ont également contribué à l’émergence de nouveaux terrains de négociation et de confrontation entre les travailleurs et le pouvoir, et de moyens de lutte spécifiques, comme la création de syndicats de locataires des classes populaires.
Fruit d’un travail mené à partir d’archives en partie inédites, cette étude apporte un éclairage nouveau sur la nature et les mécanismes de la domination coloniale, tout en complétant l’analyse des formes de mobilisation des travailleurs urbains indiens, qui s’était jusqu’alors limitée à la seule sphère du travail. Elle fournit, enfin, une perspective historique sur l’un des processus les plus marquants de la production de l’espace à Bombay, l’accaparement des ressources urbaines par les classes les plus aisées, établissant le rôle qu’y ont joué les autorités coloniales et les élites indiennes.
Sommaire de l'ouvrage
Préface (Jacques Pouchepadass, Directeur de recherche émérite au CNRS)
Introduction
La définition d’un objet à la croisée entre histoire urbaine et renouveau de l’histoire ouvrière
« Un empire de papiers »
Rythmes et scansions
Précisions de terminologie
Chapitre liminaire. Les raisons d’un silence (1850-1896)
Partie I - La fabrique d’un problème politique, le logement des travailleurs (1896-1914)
1. L’épidémie de peste comme révélateur
2. Éradiquer l’habitat insalubre 3. Élaborer un habitat modèle ? Réalisations et limites de la politique de logement du Bombay City Improvement Trust
Partie II -Le traitement de la question sociale par le logement (1914-début des années 1930)
4. Le logement devenu une urgence politique
5. Mesures politiques et politique technique. Les lois de contrôle des loyers et le programme de logement du BDD
6. Logement patronal, logement colonial et contrôle de l’agitation ouvrière
Partie III -Le logement ouvrier, entre hégémonie nationaliste et nouvelles revendications populaires (fin des années 1930-1950)
7. Le logement, une affaire de classe
8. Contrôler les faubourgs ouvriers, la question du logement sous le Congress Raj
9. « Jam yesterday, jam tomorrow, but never jam today » : la politique de logement aux premiers temps de l’Indépendance