La rencontre de deux approches, menée avec brio par un biologiste de renom, rompu à l’approche scientifique mais également adepte du QI Gong !
Quelques années avant de prendre ma retraite, j’avais eu l’occasion de retourner en Chine, retrouvant des liens distendus depuis un demi-siècle. À partir des années 1980, de nombreux voyages m’ont permis de retrouver mes racines familiales et de découvrir l’histoire de mes ancêtres.
À cette période s’ajoutent une redécouverte et un approfondissement de la culture chinoise millénaire qui m’ont profondément marqué. Découvrant un champ culturel différent non superposable aux valeurs occidentales, je me suis non seulement intéressé à la médecine chinoise, mais aussi à la sagesse de la pensée chinoise taoïste qui en est un des piliers.
Je découvre un extrait du livre
Participant à des coopérations scientifiques et médicales avec les institutions chinoises, j’ai eu l’occasion d’observer la présence simultanée de deux formes de médecines qui, loin d’être en opposition, coexistent et sont utilement complémentaires. La médecine chinoise s’appuie sur des concepts qui ne reposent pas sur les bases rationnelles et scientifiques reconnues en Occident.
Ces concepts d’une grande complexité sont issus de l’observation empirique de leurs effets sur la santé des hommes. Ils sont principalement basés sur l’existence d’une énergie, le Qi, circulant à travers des méridiens. C’est l’accumulation de plusieurs milliers d’années d’observation et d’expérimentation que l’on retrouve aujourd’hui dans la médecine chinoise. Cette médecine n’est pas basée sur des raisonnements rationnels ni sur des croyances, mais sur la vérification de son efficacité, illustrant le pragmatisme des médecins chinois.
Au moment de prendre ma retraite de l’Institut Pasteur, j’étais à la recherche d’une activité adaptée à cette nouvelle situation sociale. Mon choix s’est porté sur le Qi Gong. Cette pratique corporelle m’a permis d’aborder la médecine chinoise sans entrer dans la grande complexité de sa pratique et, en même temps, d’explorer les paradoxes de la pensée taoïste.
Enseigner le Qi Gong
Après une année de cours, l’envie m’a pris d’enseigner le Qi Gong et j’ai suivi la formation professionnelle dispensée à l’Institut Quimetao du docteur Jian Liu Jun, ainsi que l’enseignement de maîtres venus de Chine.
Un an plus tard, j’ai moi-même commencé à l’enseigner. Le Qi Gong possède des liens très étroits avec la médecine chinoise car tous deux sont basés sur les mêmes concepts.
La chance des élèves et des lecteurs d’Henri Tsiang, c’est que leur professeur ne connaît pas le chinois. Il est donc immunisé contre les pièges de la traduction. Mais alors comment arrive-t-il à nous faire comprendre le Qi Gong ? Parce qu’il a appris une langue grâce à laquelle ce qui se passe lorsqu’on pratique devient et compréhensible et acceptable pour nos esprits cartésiens. Cette langue, c’est le « neuroscience », la langue que parlent entre eux les quatre-vingts milliards de neurones de notre cerveau.
Extrait de la préface de Cyrille Javary
Il devint passionnant de comparer comment les évolutions de la médecine en Occident et en Chine contribuèrent à creuser un fossé culturel dans la façon de concevoir l’humain de part et d’autre du continent eurasiatique. Emprunter le chemin des pratiques corporelles chinoises conjointement à l’expérience du rationalisme scientifique m’a permis d’approcher une vision enrichie de la représentation de l’humain.
Confucianisme, le bouddhisme et taoïsme
Ce petit pas vers mes racines m’a réconcilié avec les valeurs chinoises, le confucianisme, le bouddhisme, mais surtout le taoïsme dont l’influence sur la médecine chinoise a été déterminante. C’est ainsi que j’ai porté un regard nouveau sur la culture chinoise dont je suis issu, celle dont mes parents m’ont communiqué l’essentiel sans jamais m’en avoir parlé.
J’ai compris alors le rôle fondamental que le taoïsme a joué dans la relation de l’homme à la nature, sans pour autant aborder la question de la religion. Il a largement participé à la vision sur l’unicité du couple esprit/corps dont le concept commence à prendre place dans les pays occidentaux.
J’ai appris à quel point les exercices de Qi Gong relient ces deux entités dans une indissoluble continuité. Au-delà des gestes visibles provenant des mouvements du corps, s’élabore une alchimie subtile interne qui ouvre à une autre dimension dans la compréhension holistique de l’humain.
Dans les parcs publics chinois, où se pratiquent toutes sortes d’exercices physiques (tango, diabolo, éventail, etc.), il n’est pas rare de voir des gens qui marchent à reculons. Marcher à l’envers, quelle drôle d’idée ! À quoi peut servir à un adulte de marcher à reculons ? La seule personne qui m’ait apporté une réponse sensée à cette question est Henri Tsiang, le jour où il m’a dit : « Ils font du Qi Gong », ajoutant « Le Qi Gong, c’est l’art de faire faire au corps des gestes qu’il n’a pas l’habitude de faire ».
Extrait de la préface de Cyrille Javary
Elle se poursuit par la découverte des perceptions intérieures de son propre corps donnant accès à d’autres dimensions dans ses relations avec le monde extérieur, notamment par la perception de l’espace.
Le Qi Gong est littéralement l’outil qui permet de partir à l’exploration de soi : de ce corps jusque-là inconnu dans lequel pourtant nous vivons et de ce cerveau dans les méandres desquels nous passons notre temps à nous égarer. Il en résulte une perception renforcée de la conscience de soi et de sa place dans le monde.
On n’échappe pas à son passé et je n’ai pas résisté à la curiosité de confronter les connaissances scientifiques les plus contemporaines avec les observations des taoïstes plus de deux fois millénaires. Dépassant la diversité des représentations de l’homme selon les cultures différentes, j’ai tenté d’explorer certaines corrélations entre deux mondes profondément différents mais néanmoins dotés de nombreuses passerelles. Mais ce faisant, on retombe rapidement sur la difficulté de trouver des interfaces communes, face à des concepts peu compatibles et à des perceptions trop différentes de l’homme.
Cette difficulté trace les limites des tentatives d’intégration ou d’unification des médecines occidentales et chinoises. En revanche, un processus inexorable vers la complémentarité des deux approches est en route et sera un enrichissement pour tous.
Descartes au pays du QI Gong - Les neurosciences et les arts énergétiques taoïstes - Henri Tsiang
L'auteur, Scientifique français de famille chinoise, professeur de Qi Gong, Henri Tsiang a dirigé un laboratoire de recherches à l’institut Pasteur et confronte dans ce livre passionnant les réponses données par l’Occident – renouvelées par la révolution des neurosciences – et l’Orient – marquées par la pensée taoïste – aux mystères du vivant.
Dans ces pages, vous trouverez tout à la fois un voyage captivant à travers notre réalité corporelle, mentale et émotionnelle et un éclairage remarquable du Qi Gong, art énergétique tout autant qu’outil privilégié de conscience de soi. Entre Ciel et Terre.
Qi Qong, la familiarité chinoise avec l’invisible [Webinaire]
Rencontre avec Henri Tsiang et Cyrille Javary, animée par Hélène da Costa autour du thème : Qi Gong, la familiarité chinoise avec l'invisible.
Henri Tsiang auteur de "Descartes au pays du Qi Gong", nous montrera par sa connaissance des neurosciences que les gestes du Qi Gong ne sont que les supports à l'INVISIBLE ressenti de la circulation de l'énergie vitale à l'intérieur du corps humain.