Soigner avec l’acupuncture, Interview du Dr Robert Corvisier
Pour la reconnaissance du soin par acupuncture
L’acupuncture, issue de la médecine chinoise, régule la circulation de l’énergie dans le corps, grâce à la pose d’aiguilles très fines sur des points spécifiques. Ses effets pourtant réels dans le traitement de certains symptômes ne sont toujours pas reconnus par la médecine occidentale. Le Dr Robert Corvisier, auteur de « Soigner avec l’acupuncture » (Dunod, 2017) répond sur ce point.
Aujourd’hui, les effets de l’acupuncture sont reconnus par les patients, notamment dans la prise en charge des maladies fonctionnelles, telles que les migraines, les douleurs de dos, les douleurs sciatiques, les insomnies, les troubles dus au stress, les pathologies digestives fonctionnelles, certaines pathologies gynécologiques ou urinaires (règles douloureuses, cystites récidivantes...).
L’acupuncture est également efficace en association avec la médecine occidentale pour soulager par exemple des symptômes de pathologies rhumatismales chroniques (spondyloarthropathies, polyarthrite par exemple), les allergies saisonnières, les eczémas, les infections ORL récidivantes, les suites de chimiothérapie etc.
Pour ces pathologies, la médecine occidentale n'apporte pas toujours aux patients le soulagement attendu. Ils consultent un acupuncteur qui, grâce à une écoute différente, offre un traitement adapté en fonction du tempérament de chaque personne.
Une consultation d’acupuncture commence par un dialogue indispensable avec le patient. Deux examens essentiels : l'inspection de la langue et la prise des pouls au niveau du poignet (artère radiale) permettent ensuite de comprendre la pathologie. C'est finalement la palpation des pouls, au moment de la consultation qui reste la pierre angulaire du diagnostic et de la surveillance du traitement. En effet, la modification du « gonflement » ou du « volume » artériel dès la pose des aiguilles sur des points judicieusement choisis affirme l'action de l'acupuncture, condition indispensable pour la réussite d'un traitement.
En France, seuls les médecins sont habilités à pratiquer l’acupuncture. Une spécialisation interuniversitaire au sein de facultés de médecine a été mise en place dès 1987.
Malgré ses effets positifs sur un bon nombre de pathologies, l’acupuncture n’est pas encore réellement reconnue selon les critères scientifiques imposés par la médecine occidentale. Souvent des résultats sont contradictoires et manquent de reproductibilité. De plus, les essais cliniques sont effectués selon des protocoles préétablis qui ignorent la spécificité de chaque pathologie et le caractère unique de chaque patient.
Il faudrait favoriser la recherche fondamentale et mettre en place des essais cliniques qui tiennent compte d'une adaptation systématique à l'état propre du malade. Pour ma part, j’ai pu mener des expériences cliniques pendant 10 ans au laboratoire de pharmacologie de l’Hôpital européen Georges Pompidou. L’objectif de l’expérience était d’obtenir une dilatation de l’artère radiale par la pose d’aiguilles sur des points d’acupuncture et le caractère propre de chaque patient a toujours été respecté sans protocole de points prévus d'avance.
Aujourd’hui les hôpitaux ouvrent davantage de consultations d’acupuncture notamment dans les centres antidouleur, dans les services de cancérologie et les patients peuvent profiter d'une approche médicale complémentaire particulièrement intéressante.
L’on peut espérer que l'avenir permettra à l'acupuncture de trouver la place qu'elle mérite dans l'arsenal des soins à proposer aux patients. Une ouverture plus grande dans le domaine de la clinique comme dans le domaine de la recherche s'impose, condition indispensable d'une réelle reconnaissance.