Comme nous l’expliquent Raphaël de Vittoris et Sophie Cros, à l’heure où l’incertitude et l’imprévisibilité priment, seule une culture du risque partagée permettra de répondre à cet enjeu stratégique.
Pouvez-vous définir la gestion de crise ou la gestion des risques ?
Gérer les risques permet à l’entreprise d’atteindre ses objectifs, en fonction de ses ressources et de la connaissance des acteurs potentiellement impliqués.
Gérer la crise est une parenthèse de la vie de l’entreprise, qui la positionne en un état de déséquilibre (économique, financier, humains, etc), que cette dernière doit refermer au plus vite.
De plus, pour bien gérer ses crises, il faut être conscient de l’intégralité des risques qui met en péril son entreprise et ainsi avoir au préalable réalisé son propre diagnostic des risques, pour connaître les ressources à préserver et celles à mobiliser.
Le management des risques est-il réservé uniquement aux grandes entreprises ?
La gestion des risques est souvent associée aux grandes entreprises en raison de la complexité de leurs opérations et des enjeux financiers importants auxquels elles sont confrontées. Cependant, il est crucial de comprendre que le management des risques ne devrait pas leur être réservé exclusivement.
Les petites entreprises, associations et ONG sont également exposées à divers risques qui peuvent affecter leurs activités. Le management des risques ne se limite pas aux seuls aspects financiers, mais englobe également des éléments tels que la gouvernance, la conformité réglementaire, la sécurité des informations et la continuité des activités. Ces éléments sont donc pertinents indépendamment de la taille de l'entité.
Vous analysez 5 idées reçues pour interroger nos pratiques concernant la gestion des risques, pouvez-vous nous les présenter en quelques mots ?
La première idée reçue est la remise en question de l'identification des risques comme première étape de gestion des risques. Nous y soulignons que dresser une liste exhaustive des risques sans disposer des moyens nécessaires pour les corriger peut s'avérer inefficace.
La seconde critique l'approche traditionnelle de classification des risques par typologie. Bien que cette approche soit rassurante, elle n’est pas pragmatique car elle ignore les relations causales entre les risques, limitant ainsi la vision globale nécessaire à la résolution des scénarios complexes.
La troisième examine l'évaluation des risques exclusivement fondée sur le couple gravité/fréquence. Nous remettons en question l'usage systématique de la probabilité pour évaluer les risques, soulignant que cette approche peut devenir très vite obsolète dans un monde en constante évolution.
La quatrième met en évidence l'importance de la structure organisationnelle du système de gestion des risques. Bien que l'approche centralisée puisse sembler pertinente pour de nombreux aspects, nous soulignons ses fragilités potentielles et son impact sur les fonctions du responsable du système de gestion des risques.
Enfin, la cinquième idée reçue concerne la perception de la gestion des risques comme une discipline distincte. Nous critiquons la segmentation temporelle des activités de gestion des risques, de gestion de crise et de gestion de la continuité d'activité, soulignant qu’elle peut entraîner une incohérence dans la production d'informations. Cette fragmentation des approches et méthodologies peut entraver la capacité des décideurs à articuler des propositions de résolutions cohérentes.
Déjouer les risques - Idées reçues et vraies pistes pour les organisations publiques et privées
Dans un monde qui semble confus face à la volatilité et montre des signes de craintes et de sidération face à l’incertitude, l’entreprise cherche désespérément une méthodologie pour interpréter le réel. Les risques incarnent cette menace potentielle de l’inconnu, les crises récentes ont démontré combien les techniques utilisées jusqu’alors sont souvent restées vaines.
L’ouvrage Déjouer les risques de Raphaël de Vittoris et Sophie Cros décide d’explorer les méthodologies les plus couramment utilisées pour mettre en lumière leurs avantages mais surtout leurs limites et leurs faiblesses. Il propose des outils alternatifs et pragmatiques de gestion de risques, éprouvés par le terrain, à travers le prisme de 5 idées reçues dont il faut absolument se défaire pour bien gérer les risques de son entreprise.