Comme le constate Manuel Diaz, la crise sanitaire peut être un élan vers la digitalisation des entreprises pour créer le monde de demain.
Le digital a toujours été un concept ambigu pour nos économies anciennes qui ont vécu la révolution agricole, puis la révolution industrielle et enfin la révolution des services avant de voir arriver le digital.
Ambigu car si tout le monde a pris acte de son omniprésence dans notre vie de tous les jours, il y a eu un certain déni quant à la manière dont il allait transformer nos vies, notre économie, nos entreprises, nos manières de faire du business et nos façons de fonctionner avec nos salariés et nos clients.
Quand nous avons le recul que permet l’histoire, nous oublions les chocs qu’ont constitué les révolutions précédentes et nous les prenons pour des évolutions naturelles. Quoi de plus logique quand nous ne les avons pas vécues mais juste lu le récit dans les livres d’histoire et la presse économique ? Nous pensons donc que nous sommes dans une logique de prolongement, de transition qui prendra le temps qu’elle prendra et surtout le temps qu’on voudra bien lui donner en fonction de sa propre capacité à changer et à se remettre en cause.
Il y a ainsi ceux qui ont cru que l’arrivée de l’électricité a “juste” consisté à remplacer une source d’énergie (hydro-mécanique) par une autre et que nous avons continué à travailler et produire de la même manière. Ceux-là ignorent que l’électricité n’a rien changé. Ce qui a tout changé en termes de productivité c’est quand nous avons bouleversé les lignes de production en installant les machines dans l’ordre logique des opérations au lieu de placer les plus consommatrices en énergie au plus proche de la source pour éviter les déperditions inutiles, quitte à avoir des mouvements de pièces détachées totalement irrationnels à l’intérieur du site de production.
L’épidémie mondiale que nous sommes en train de vivre et le confinement imposé à la moitié de l’humanité depuis plusieurs mois nous font comprendre deux choses, en tout cas à ceux qui pensaient avoir le luxe d’attendre ou à ceux qui pensaient qu’avoir mis une couche de digital pour améliorer l’existant suffisait.
- La première est que, par rapport à “avant”, nous ne sommes pas dans une logique de faire pareil mais plus vite et en plus grande quantité, “more of the same thing” comme disent les anglo-saxons. Tout est à réinventer ou presque.
- La seconde c’est qu’il n’y a pas le choix. C’est une question de vie ou de mort, malheureusement au propre comme au figuré.
Si nous voulons voir le bon côté des choses, c’est un rappel salutaire pour ceux qui laissaient leur business péricliter à petit feu dans le déni le plus total. Pour d’autres ce fut une opportunité.
C’est ainsi que des commerçants abandonnés par leur franchiseur se sont lancés dans le e-commerce seuls pour sauver ce qu’ils pouvaient sauver malgré leur boutique fermée alors qu’au même moment, ceux qui avaient pris la vague plus tôt, voyaient leur chiffre d’affaire en ligne augmenter de 300%.
C’est ainsi que nombre de PME qui se sont toujours dit “ça n’est pas pour moi” se lancent dans le digital à marche forcée en pleine crise.
C’est ainsi que nombre d’entreprises qui voyaient le télétravail comme un gadget ou une faveur concédée à certaines catégories de salariés ont compris qu’il s’agissait d’un mode d’organisation de la production, voire d’une partie clé d’un plan de continuité d’activité.
C’est ainsi que des industriels ont compris que la digitalisation de leur outil de production ne leur servait pas qu’à mieux piloter leur productivité mais également à le reconfigurer en un temps record pour se mettre à produire des masques ou du gel hydro-alcoolique.
C’est ainsi que nous avons réinventé, sous contrainte, une nouvelle manière de vivre ensemble, à distance. Une nouvelle manière de faire vivre le lien social en famille, entre collègues. Pas pour réaliser des choses mais simplement pour exprimer autrement ce qu’il y a d’humain en nous.
Et c’est enfin ainsi, mais cela nous le verrons dans un an ou plus, que sont en train de se créer en ce moment même les leaders de demain alors que d’autres ne regardent que ce qui s’effondre. Google, Facebook, Uber, pour ne citer qu’eux, sont nés en période de crise ou post crise. Avant elles Apple et Microsoft ont été créés dans un monde qui se réinventait après un choc pétrolier.
Nous avons donc une crise, des opportunités et un levier, la technologie, à mettre à profit et qui ne présente que des avantages. Elle est partout et nulle part, disponible et utilisée par tous (donc par vos clients également) et incarne le rêve de tout entrepreneur qui a compris de quoi son époque avait besoin : aller plus vite et opérer rapidement à grande échelle. Le parfait alignement pour créer le monde demain. D’ailleurs en Chine on utilise le même mot pour dire crise et opportunité…
Et puis le digital présente un dernier avantage : il évolue tellement vite que celui qui part en retard et se l’approprie convenablement peut prendre de l’avance sur celui qui a démarré plus tôt mais s’est endormi sur ses lauriers. Il a donc cette capacité unique à pouvoir générer plus de gagnants que de perdants... à condition de suivre le rythme.
Manuel Diaz : auteur du livre Tous digitalisés - Et si votre futur avait commencé sans vous ?
➡️ Découvrez également la chaine de Manuel Diaz sur Youtube